J20 – Lundi 20 octobre 2014 – Le volcan Ljem avec Ali, le mineur de souffre
Grand moment ce matin lors de notre visite au volcan Ljem.
On ne s'attendait à rien de particulier en attaquant, à 5 heures du mat, les 800 mètres de dénivelé du volcan.
Nous sommes vite rejoint par Ali, portant deux paniers sur l'épaule, qui nous explique qu'il collecte le souffre dans le volcan et le revend à son retour. Bon sang mais c'est bien sur : les mineurs de souffre sur Ushuaïa par Nicolas Hulot !
Ali est un compagnon de route agréable. Il adapte son pas au nôtre et commente le paysage, les incendies au bord du chemin, ses compagnons qui descendent lourdement chargés (celui-ci 80 kgs !! celui-là 100 kgs !!!), son métier (2 aller-retour par jour – 80kgs par voyage - 1.000 roupies le kg – soit 12 € de revenu par jour). L'heure de montée se passe dans la bonne humeur, malgré la pente à 20% ...
Nous arrivons sur le bord du cratère et découvrons le lac à l'intérieur du volcan. Mais Ali n'entend pas nous laisser là et nous propose de l'accompagner sur son lieu de travail, là-bas, tout en bas, dans la zone jaune-verdâtre où sortent des fumerolles. Cath réussit à esquiver, mais je le suis. Il me tend un masque à gaz et c'est parti.
Nous croisons une dizaine de ses collègues, chargés à la limite de leur possibilité, se hissant pas à pas, marche après marche, sur le flanc du cratère.
Au bord du lac, je découvre le chantier rudimentaire. Un gigantesque nuage de fumerolles qui laisse entrevoir, au gré des coups de vent, la plaque de souffre qu'Ali attaque aussitôt à l'aide d'une des deux barramines présentes sur le chantier.
A l'occasion d'un coup de vent favorable, je découvre le jeu de canalisations qui permet de liquéfier puis de solidifier le souffre. Il est déjà largement enfoui sous les sédiments.
Dès que le vent est défavorable, nous prenons le nuage de souffre en pleine figure. Tout le monde s'arrête, se dégage comme il peut, se tourne et ferme les yeux attendant un nouveau moment de répit. Heureusement les masques sont super efficaces... et ils en portent ! Sinon, en dehors des deux barramines et de leurs paniers, il n'ont pas d'outils. Pour casser les blocs (il y a deux techniques de transport : par plaques ou par petits morceaux) ils se servent d'une grosse pierre. Certains ont un gant …
Ali dégage ce dont il a besoin, puis il attaque une séquence artistique. Il récupère du souffre à l'état liquide, se dirige vers un bidon d'eau présent sur le coté, met sa main gauche dans l'eau et verse dessus le souffre liquide qui se solidifie aussitôt, donnant naissance à des silhouettes. Puis, plus prosaïquement, il sort des moules en plastique et fait une petite série de tortues et de soleil.
L'heure de la remontée arrive. Ali prépare soigneusement son chargement, le hisse sur deux blocs de pierre, se glisse dessous et hop, c'est parti … Je le suis et partage (moralement) son chemin de croix. Pas après pas, marche après marche, dans ses bottes en plastique, il hisse son 1 mètre 60, ses 55 kgs et ses 80kgs de souffre jusqu'au bord du cratère, ne s'arrêtant qu'à deux reprises pour souffler quelques minutes.
Nous nous séparons chaleureusement, emportant avec nous l'une des silhouettes pour « cristalliser » nos souvenirs...
Une heure de minibus avec 4 collègues européennes, un bus local qui se hisse sur le ferry, 30 minutes de traversée et 30 minutes à faire des ronds dans l'eau, un nouveau bus local et nous arrivons, sans trop y croire à 12h00 à Pemutaran, à 10 minutes à pieds de l'Arjuna Homestay...
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