Mardi 8 août 2023 – J9 – Boukhara

Publié le 8 août 2023 par Notre Tour du Monde par Petits bouts

On prend vite des habitudes. Le petit déjeuner étant aussi copieux qu’à Samarcande, et même si Cath évite les œufs et moi le porridge, nous finissons par jouer le jeu en compensant à midi par des fruits, pêches, raisins, figues.

Au programme aujourd’hui, les abords de Boukhara avec pour chauffeur et guide Oulougbek dont nous avons fait la connaissance hier à la forteresse.

Il nous fait découvrir 4 sites et, naturellement, tout finit par se mélanger dans nos têtes, sauf peut-être ce qui a trait à sa vie et à la vie sociale en Ouzbekistan.

Oulougbek a 46 ans. Marié (mariage arrangé à 50% !!!), 3 enfants. Graveur sur métal de formation et désormais guide parlant (très bien) français (+998 936 525 899 si tu viens ici nous te le recommandons). Avec sa femme, il cherche une épouse pour leur fils ainé (même numéro si tu as une piste …). Coût prévisionnel du mariage : 10.000€ !!! à la charge de la famille du marié. Tout le quartier, minimum 300 personnes est invité. (Mais la famille de la mariée prend à sa charge l’installation du jeune couple). Salaire moyen en Ouzbekistan : Autour de 300€. Les ouzbeks ont souvent deux boulots.

L’occupation russe, qui a pris fin lorsqu’il avait 13 ans, mais qui continue avec une sorte de protectorat économique et militaire (partagé avec les chinois) lui laisse des souvenirs mitigés. Les russes ont tout tenté pour éliminer l’Islam, transformant notamment les mosquées en hangars de stockage. Oui, mais à leur époque, les classes étaient mixtes …Et ce sont les russes qui ont mis fin à l’esclavage. Oui, mais ce sont eux les responsables de la monoculture du coton qui a asséché le pays … et transformé la Mer d’Aral en Désert d’Aral. Et ainsi de suite : chaque fois qu’il met une pierre sur un plateau de la balance, il en met une autre sur l’autre plateau …

Visiblement, il trouve positif le bilan de l’ancien Président Islam Karimov, qui régna 26 ans après le départ des soviétiques, ainsi que la politique de son successeur Shavkat Mirziyoyev. Il est vrai que nous sommes impressionnés par la qualité du réseau routier, fait de larges 2x2 voies ou de grandes avenues intra muros, et par tout le travail de rénovation entrepris dans les monuments historiques. Impressionnés aussi par l'ardeur au travail des Ouzbeks ... et par le nombre de bébés et jeunes enfants ! Un signe indiscutable d'optimisme et de confiance en l'avenir...

Oulougbek est toujours positif et lorsqu’il nous raconte les croyances locales (qui valent bien les nôtres), il ajoute : « l’important c’est d’y croire ». Une belle devise ...

Grace aux photos j’arrive à reconstituer notre parcours.

La nécropole de Chor Bakr où notre guide jouait gamin.

Tout autour, des vergers. Les fines mosaïques à l'intérieur de la Mosquée et le dôme bleu, montrent tout le travail qui attend les artisans locaux avant que Boukhara ne retrouve tout son faste.

Le palais d’été de l’Emir.

Il date du début du 19ème siècle et a été commandé par l'Emir de Boukhara pour accueillir dignement le Tsar de Russie ... qui ne devait jamais venir ! D'où ce décor à la mode de Saint-Pétersbourg, créé par un architecte russe.

On notera les babouches antidérapantes faites pour marcher dans le sable.

Le Harem (quartier des femmes) avec cet observatoire d'où l'Emir pouvait contempler son gynécée. Et derrière cet observatoire, un deuxième, pour la prière ...

Le harem était un véritable atelier de Broderie, devenu musée aujourd'hui. La qualité du travail laisse Cath perplexe … Les grandes toiles sont en fait des bandes raccordées plutôt mal que bien entre elles.

Le Mausolée du soufiste Baha’uddin Naqsband.

Là, j’avoue mes limites, même avec l’aide de Wikipedia. Le soufisme cultiverait l'idée que Mahomet aurait reçu en même temps que le Coran des révélations ésotériques qu'il n'aurait partagées qu'avec l'imam Ali, voire avec quelques-uns de ses compagnons.

Le Soufisme transcenderait le Sunnisme et le Chiisme. Il se veut le cœur de l’Islam, plus musulman que musulman. Abandon des biens de ce monde et concentration totale sur l’adoration de Dieu. Parmi les adeptes, les derviches tourneurs qui arrivent à l’extase en tournant sur eux-mêmes et en scandant le nom d’Allah. Autres adeptes, les Sadhus qui, en Inde, parcourent le pays, totalement nus, se sustentant d’un fruit piqué sur l’étal d’un commerçant toujours bienveillant.

A noter (on ne sait jamais !) : Un pèlerinage ici est considéré comme valant un tiers de petit pèlerinage à la Mecque (en points-paradis…). Rappelle-toi : l'important, c'est d'y croire !

Tchor Minor, la madrasa aux 4 minarets.

La Madrasa a disparu, tout comme les cigognes qui se gorgeaient de grenouilles dans les étendues vertes avoisinant Boukhara, et désormais asséchées.

Dernière soirée à Boukhara, la dernière occasion de goûter le « Plov », le plat national.

Du riz pilaf, des légumes finement coupés, un peu de viande, quelques grains de raisin, 2 tranches de saucisse et 2 œufs de caille. Accompagné de jus de jujube ou de yaourt, c’est très bon. ! Et pas cher : 116.000 soms, soit 10€, pour deux !

Demain, direction Tachkent puis …Séoul, par un vol de nuit.